BD, romans, polars, séries TV, films, théâtre, musiques… Chroniques subjectives légères, parfois sérieuses, souvent narquoises, voire râleuses.
dimanche 15 novembre 2020
Les Passagers du Vent 8 : Attention au contrôle d'histoire surprise !
lundi 19 octobre 2020
L'Outsider : Du tirage de cheveux dans la prise de tripes
Le gars King - je me permets de l'appeler comme ça, comme si je pouvais lui taper sur l'épaule, depuis le temps que je le lis, c'est un peu comme si j'étais de la famille - vieillit bien à certains égards, mais il est toujours aussi énervant à être capable du pire comme du meilleur. Pour être franc, cela faisait bien une dizaine d'années que je n'avais pas cherché à lire un de ses écrits. J'étais resté sur ce ras-le-bol de me palucher des centaines de pages de descriptions préalables à toute action, sur l'enfance, l'adolescence, les premiers émois sexuels et/ou amoureux de chacun des personnages, puis sur chaque quart d'heure, chaque minute, chaque seconde qui précède le meurtre/la disparition/le truc bizarre qui se passe, devoir lire 560 pages avant qu'il se passe quelque chose... Stephen King, c'est le Marcel Proust des romans fantastiques. Trop c'était trop, j'avais décidé d'arrêter. Et puis là il y a deux mois j'ai voulu retenter l'aventure. L'Outsider. 800 pages en livre de poche, bon c'est beaucoup pour moi mais ça se tente, depuis le temps.
Côté pile, chouette, Stephen King va davantage droit au but. Enfin de l'action dans les premières pages, disons dans les premières dizaines de pages. Côté pile toujours, la bizarrerie de départ est prenante. Un gars est accusé d'un meurtre odieux sur un enfant, tout l'accuse, y compris ses traces ADN. Et pourtant tout prouve aussi qu'au même moment, il était à des centaines de kilomètres de là, témoignages et vidéos à l'appui. Un scénario comme celui-là, ça doit donner un final de ouf. Non ? Parce que pour ma part, j'ai été super pris par le suspens, dans la première moitié du livre, je n'en pouvais plus de ne pas savoir.
Sauf que, au final, rien de très ouf. Le final, c'est une pirouette Kingesque tirée des contes et légendes locales avec une espèce de truc un peu monstrueux qui peut prendre la forme qu'il veut. Et tant pis pour la divulgâche. Au début ça prend bien aux tripes et puis c'est tiré par les cheveux. Et un cheveu sur les tripes, aux restau, ça ne passe pas.
Peut-être qu'il vieillit tout court, Stephen King. Peut-être qu'il perd moins de temps dans les préliminaires fastidieux mais également moins de temps à bâtir des histoires qui tiennent la route. Sinon il y a une autre hypothèse, à vérifier : Stephen King est peut-être doublé par un être bizarre qui prend son apparence mais qui n'est pas lui et qui écrit des choses à sa place... Mais ça, ça n'est qu'une hypothèse, notez bien...
L'Outsider, de Stephen King. Ed. Albin Michel, col. Le Livre de Poche, 2019.
dimanche 31 mai 2020
Incident au fond de la galaxie : Est-ce que ce monde est sérieux ?
Dans un cirque, un employé chargé de nettoyer les cages des animaux accepte d’être envoyé dans le ciel comme un boulet de canon ; le jeune pensionnaire d’un étrange orphelinat découvre qu’il est un clone d’Adolf Hitler créé pour venger les victimes de la Shoah ; un accidenté de la route perd la mémoire et se retrouve dans une pièce virtuelle avec une femme virtuelle, à moins que ce ne soit l’inverse…
Facétieuses, corrosives et incroyablement brillantes, les vingt-deux nouvelles d’Incident au fond de la galaxie nous immergent dans l’univers « keretien », où le virtuel et le fantastique viennent subtilement troubler la réalité pour faire surgir de profondes réflexions sur le deuil, la solitude et les stigmates de l’Histoire.
Je suis en train de lire Incident au fond de la galaxie, de Etgar Keret, et ça fait du bien. Une dose d'irréel dans la banalité quotidienne, un truc qui cloche dans la machinerie bien huilée, une bonne secousse dans le calme plat d'une histoire sans histoire... Ces nouvelles sont jubilatoires. Surtout en cette période de déconfinement, cela permet de relativiser notre réalité un peu particulière. Pas besoin d'aller au fond de la galaxie pour saisir les incidents. Il suffit d'aller dans le métro, par exemple.
Idir, Ici et Ailleurs : un métissage à renouveler
vendredi 22 mai 2020
J'ai raté ma vie mais j'ai presque lu du Conan Doyle et ce n'est pas fini
mercredi 12 février 2020
Le nuage : Une palpiflippante réalo-fiction radio active
Le 25 août 2020, un accident se déclare dans l’une des plus vieilles centrales françaises, le Douvrey, près de Lyon. Julia Roch-Rivière, directrice de la centrale, va tout tenter pour protéger la population du nuage radioactif. Mais sur sa route, se dresse plus puissant qu’elle. (présentation réalisation)
Que se passerait-il si un accident nucléaire majeur se produisait en France ? Impossible, vous nagez en pleine science fiction catastrophe de série B ! s'écrient les nucléocrates. Oui mais, imaginons quand même. Eté 2020, la canicule sévit sur l'Hexagone (là, on nage en plein réalisme avec les bouleversements climatiques), et ça, les grosses chaleurs, les centrales nucléaires, elles n'aiment pas, car il faut toujours refroidir le cœur du réacteur, avec de l'eau fraîche si possible, sinon la réaction nucléaire s'emballe. Et quand il fait très chaud, et que l'eau n'est plus assez rafraîchissante... Eh bien au Douvrey, par exemple, cela produit un accident nucléaire majeur. Bon, sur les aspects techniques, je résume, hein. Parce que bien sûr, le moindre employé un peu gradé d'EDF pourra me couvrir de ridicule en démontant ma démonstration en un powerpoint de trois slides.
Mais peu importe ! Même l'employé un peu gradé d'EDF reconnaîtra que le nucléaire, cela peut être dangereux ! Tchernobyl, Fukushima... Oui ok, en France c'est impossible, on maîtrise tout. Mais là il y a un truc qui pète, un truc qui ne se passe pas comme prévu. Allez, on imagine, ok ?
mercredi 5 février 2020
Viscères : Vieux pots, vieux suspens, vieux clichés
Et si votre pire cauchemar recommençait ?
Il y a quinze ans, deux amoureux ont été retrouvés sauvagement éviscérés dans le bois attenant à la maison de campagne des Anchor-Ferrers. Le principal suspect, qui a avoué les crimes, est depuis sous les verrous. Mais aujourd'hui, alors que Oliver, Matilda et leur fille, Lucia, n'ont pas oublié cette découverte macabre, l'histoire se répète, plongeant la famille dans la terreur.
En grand peintre de l'angoisse, Mo Hayder nous livre une série de tableaux sanglants, dans lesquels le commissaire Jack Caffery, toujours hanté par la disparition de son jeune frère, est plus vulnérable que jamais.
Présentation éditeur
Mais j'en ai marre de ces thrillers où tout est prévu, télécommandé, concocté pour être pris en stress avec des ingrédients connus, reconnus, utilisés et réutilisés, usés jusqu'à la corde, la corde vocale la plus martyrisée par les cris d'effrois attendus par les "maîtres et maîtresse du suspens" !
Une fois encore, de quoi parle-t-on ? Evidemment d'un huis clos, dans une maison éloignée de tout et qui COMME PAR HASARD ne dispose plus de ligne téléphonique, elle est en panne c'est ballot. Fatalement, dans les personnages, il y en a au moins un qui est fragile et dont l'état de santé laisse à désirer : COMME PAR HASARD un des héros sort d'une opération cardiaque, et ça craint du tambourin thoracique. Bien sûr, il y a de la gerbe : le bouquin ne s'appelle pas "Viscères" par hasard, c'est juste que le psychopathe étale les tripes de ses victimes sur les branches des arbres. COMME PAR HASARD c'est une image insoutenable. Continuons : le psychopathe, justement. En fait ils sont au moins deux. Et COMME PAR HASARD au départ ils ont l'air normaux, ils se présentent même comme des policiers, c'est pour dire. Pas de bol, ils sont timbrés et prennent possession des lieux (isolés du reste du monde, donc) et des gens (donc le fragile cardiaque). Et COMME PAR HASARD on trompe un peu le lecteur histoire de mieux le choquer : soudain on les croit partis de la scène où tentent de survivre les personnages encore vivants, et une heure plus tard, coucou ! ils repassent la tête en disant "Vous ne croyez pas que c'était fini, non ?" Ah ah ! Les perveeeers ! Et pourquoi ils avaient commencé par partir ? Ben on ne sait pas, juste pour pouvoir revenir et nous faire dire "Ah les salauds, on se croyait débarrassés d'eux". Alors même qu'il y a encore 200 pages à lire, hein, on le sent bien sous les doigts, mais on aime bien croire aux Pères Noël, des fois, qu'est-ce qu'on est con aussi. Et puis pour couronner le tout, il y a ce flic, dont on parle depuis le début du roman, qui s'occupe de tout autre chose que des gens qui ont des histoires avec ces psychopathes. On sent bien que ce policier va être celui qui va sauver les victimes, quitte à mourir dans d'atroces souffrances au dernier moment sans qu'on s'y attende. Mais COMME PAR HASARD, l'agent est un peu rebelle avec sa hiérarchie, parce qu'il est torturé par sa propre histoire, plombée par le meurtre de son frère, et soudain il a une idée pour résoudre l'énigme de ce meurtre et donc il part en vrille et on se demande comment il va, au final, avoir le temps d'aider à sauver les autres gens dont le livre parle, dans les autres pages, ceux qui sont aux prises avec les psychopathes. Vous suivez ?
Eh bien moi j'ai arrêté de suivre. J'ai laissé tomber à la centième page environ, parce que ces vieilles soupes aux vieilles recettes sans surprises, j'en ai marre. C'est comme le décès récent de Mary Higgins Clark : on n'est pas dupes ! On le sait, qu'elle a en vrai été victime d'un assassinat déguisé en mort naturelle par un psychopathe de son entourage après avoir été enfermée dans sa cave pendant trois ans à subir des souffrance psychologiques graves.
Alors ça suffit les vieux cuistots du thriller. Ce n'est pas toujours dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes.
Viscères, de Mo Hayder. Ed. Pocket, 2016.