samedi 21 février 2015

Nuit des César : fascination, ennui et entre-soi

Eh bah on va les laisser entre eux, hein ?
Soyons clairs : je n'ai tenu qu'une demi-heure devant la Nuit des César, avant d'éteindre et de me coucher pour lire un bouquin. Je n'ai même pas tout à fait tenu une demi-heure complète, puisque j'ai un peu zappé... en revenant chaque fois sur Canal +, où c'était retransmis.

Car c'est fascinant, la Nuit des César. D'abord il faut avouer que Edouard Baer est un bon dragueur de public, et le placer en maître de cérémonie, c'est une assurance tous risques. Et puis toutes ces stars au mètre carré ! Bon d'accord ils sont un peu bloqués dans leur fauteuil, ils sont tous habillés pareils, du coup on ne les reconnaît pas tout de suite : pardi, ils ne bougent pas et ne jouent pas ! Mais quand même, les stars, ça attire. Surtout pour voir la gueule qu'ils tirent quand ils ne gagnent pas leur César. C'en est même gênant, des fois.

Et puis la Nuit des César, c'est l'occasion de voir si le seul film de l'année qu'on a été voir au cinéma va gagner un prix. Ah ! LE film, celui auquel on a bien pensé en amont, à commencer par le moment où notre CE nous a vendu à vil prix deux tickets de cinéma. Le film qu'on a été voir au bon moment : pas trop tôt une fois sorti sur les écrans sinon c'est la queue infernale, pas trop tard non plus sinon il ne passe plus, le con ! Le film qu'on a été voir le bon jour : il faut que ce soit une journée pas trop ensoleillée sinon on est mieux dehors, et pas trop moche non plus sinon on n'a pas envie de sortir ! Le film qu'on a bien planifié niveau logistique :il faut faire garder la petite, on ne vas pas l'emmener voir un film de grands tout de même !
Bref on a tout calculé, on a pris au moins cher, au bon moment, le bon jour, la petite est casée... mais on n'a pas choisi le film ! Ah les cons ! Alors on consulte, parce qu'il ne faut pas se tromper, au prix que ça coûte, même avec la remise du CE. On consulte les collègues, les amis, la famille... On regarde sur internet, on vérifie que Télérama n'a pas aimé, c'est un signe que ça va pas être mal...
Et puis on se lance !
Et puis on est contents d'y avoir été. On ne se souvient plus du titre au bout de trois jours, mais on a bien aimé.

Et le soir de la Nuit des César (z'avez vu, c'est comme dire "au jour d'aujourd'hui"), on est déçus parce que le film qu'on a aimé n'est même pas nominé.

Qu'importe ! On regarde ! Des fois qu'ils se soient trompés !

Et puis on s'ennuie, très rapidement. Les bons mots et le sourire d'Edouard Baer ne suffisent plus. Les lauréats parlent trop longtemps pour remercier des gens qu'on ne connaît pas, nous, pauvres téléspectateurs. Et les sketchs, préparés sans doute par des stagiaires d'une obscure école de théâtre, sont lourds. C'est long. Pas drôle. Pénible. Tout cela est chiant et plaqué.

Et on se dit, au bout d'une demi-heure, qu'on ne va pas les déranger plus longtemps, toutes ces stars qui s'autocongratulent, qui se remercient, qui se remettent des prix, qui se font des clins d’œil en parlant de choses qu'eux seuls peuvent décrypter... On va les laisser entre eux, car après tout c'est comme ça qu'ils se sentent le mieux. Et nous aussi. On va se retrouver entre nous, tranquilles, à bouquiner, à papoter. Et à se dire que non, cette année encore, quand on ira voir un film, on ne le choisira pas nécessairement dans la liste des lauréats de la Nuit des César.

lundi 16 février 2015

L'Ambulance 13 : ne tirez pas sur cet album



Et c'est reparti pour les aventures du Docteur Louis-Charles Bouteloup, réparateur des corps des pauvres bougres qui se font hacher menu sur le front, dénonciateur de l'ignominie et de la bêtise des galonnés de cette boucherie sans nom que fut la guerre 14-18. Cette fois-ci, en cet avant-dernier tome de la série, le voilà muté dans les Vosges, pour l'éloigner de son père, officier supérieur, qui en a ras-le-képi de voir sa réputation ternie par son rebelle de rejeton.

Sur la ligne bleue des Vosges, il intègre une troupe de courageux soldats qui agissent en autonomes, les Corps Francs. Et avec eux, les Américains, intervenant enfin dans la guerre, apprennent tellement vite à se battre qu'ils envoient d'abord en première ligne des Indiens Cheyenne arrachés de leurs réserves, et dont on apprend rapidement qu'il serait de bon ton qu'ils soient décimés, car leurs terrains, au pays, intéressent des hommes d'affaires.

Voilà qui est donc bien crade et vil, et notre Docteur Justice du front Est, notre Rahan des temps modernes, bref notre justicier casqué, va dénoncer à tour de bras, détourner les ordres de supérieurs sans foi ni loi, et tenter de sauver ce qui peut l'être.Là-dessus, ajoutez des morceaux d'histoires qui se passent à l'arrière, à Paris, et vous avez un album assez bizarre, comme en position d'attente avant le tome final.

Je ne tirerai pas sur cette Ambulance, car l'ensemble de la série garde tout son intérêt, mais là, on passe par une phase un peu caricaturale, avec un personnage principal dégoulinant de bonnes intentions, évoluant dans une histoire pleine de fourberies, comme si la guerre en elle-même n'était pas suffisante à être haïssable.

Certes, tout cela est à l'honneur du service de santé des armées, créé justement il y a un siècle, et dont il est question dans un petit livret en fin d'album. Ce service et ses serviteurs méritent pleinement tous les honneurs, pour le sacrifice et le dévouement dont ils ont toujours fait preuve en sauvant des vies humaines. Mais je suis sûr que la modestie fait aussi partie de leurs valeurs. Et le héro de cet album - juste de cet album - en manque un peu.

L'Ambulance 13. Les Plumes de Fer. Par Patrice Ordas (scénario) et Alain Mounier (dessins). Bamboo Editions.