dimanche 7 avril 2019

Les Vieux Fourneaux 5 : Recherche dessein commun


Résumé éditeur : Retour à Paris pour Antoine, Mimile et Juliette. Le plan est simple : ramener Juliette auprès de sa mère, puis filer au Stade de France pour assister au match de rugby France-Australie. C'est du moins ce qui est prévu... Mais, désireuse de voir son père et son grand-père se rabibocher, Sophie les oblige à s'occuper ensemble de Juliette jusqu'au lendemain. Mimile ne peut donc compter que sur Pierrot pour l'accompagner au match. Or, Pierrot l'anarchiste mène un nouveau combat : il s'est engagé en faveur des migrants. Alors vous pensez bien qu'assister à un match opposant la France, qui refuse d'accueillir les migrants, à l'Australie, qui ne pense qu'à les entasser dans des camps, bafouant ainsi les droits de l'homme, c'est hors de question ! Mimile n'a plus pour seule compagnie que ses désillusions... Et si lui aussi était bon pour l'asile ?


Eh bah non ! Ce n'est pas la suite de l'opus précédent pour lequel j'avais reproché, en fin de lecture, le côté inachevé, suspensif, genre "ils ont lancé des pistes, on comprendra mieux dans le prochain numéro". Non, vraiment, raté, le cinquième album repart sur un enchevêtrement de parcours des trois vieux rigolards, qui sont toujours aussi attachants mais dont on ne va pas tarder à se détacher si les auteurs continuent de croire en une rente de situation. Ce n'est pas parce qu'un film a été tiré des aventures des trois potes que la retraite s'impose sur la qualité qui caractérisait les trois premières BD.
Ici, nous avons Pierrot, toujours plus engagé dans l'action anticapitaliste, qui se retrouve au poste de police pour une action inutile de plus. Mais qui est taraudé par ses contradictions : eh non, Pierrot, quand viendra la Grand Soir, tous les flics ne seront pas à pendre avec les tripes de tous les bourgeois. Grande révélation: parmi eux, il y a des gens, des êtres humains, que tu as même cotoyés voire appréciés jadis.
Nous avons Antoine, toujours plus confronté à ses relations familiales compliquées : il se voit confier par sa petite-fille la garde de sa petite-fille en compagnie (surprise !) de son fils (donc le père de sa petite-fille) avec qui il est brouillé depuis longtemps. Histoire de renouer le fil du dialogue, selon la jeune femme. Evidemment, ce sera un peu foireux.
Et puis nous avons Mimile, qui venait à Paris pour aller voir un match de rugby avec ses copains, un peu pris par leurs engagements, lire ci-dessus. Fort marri, lui, l'homme de peu de convictions révolutionnaires, fera l'acte le plus visible de promotion des droits humains en dénonçant devant les caméras, en ouverture du match France-Australie, le sors des habitants de l'île-prison de Nauru, sur laquelle sont regroupés les migrants clandestins arrêtés en mer par les autorités australiennes, dans des conditions inhumaines.
Tout cela est bien raconté, on salue les messages d'engagement en faveur des réfugiés et des droits de l'homme en général, mais on cherche toujours où veulent aller les trois personnages principaux de cette BD, quel est le grand dessein de ces dessins, et en tant que lecteur, on en sort encore une fois un peu paumé. A force de nous balader, les auteurs sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont parvenus à s'asseoir avec un certain talent. Et là, j'ai une furieuse envie de leur dire : "Tchao vieilles branches". Dommage.

Pour aller plus loin

Sur l'île de Nauru, très justement dénoncé par Mimile, lire cet article sur le site d'Amnesty International. 

Les Vieux Fourneaux, tome 5 : "Bon pour l'asile". Paul Cauuet et Wilfrid Lupano. Dargaud Ed. Nov. 2018.