mardi 1 mai 2018

The Terror : Une série qui fait trembler... de froid


En 1847, le navire britannique HMS Terror est pris dans les glaces alors qu'il était à la recherche du passage du Nord-Ouest. Aux conditions de survie déjà difficiles viennent bientôt s'ajouter les attaques d'une mystérieuse créature...

Avec un titre pareil je m'attendais à frissonner de trouille devant cette série de dix épisodes. Au mieux j'ai eu quelques frissons de froid empathiques à l'égard de ces pauvres marins frigorifiés dans leurs bateaux coincés au milieu des glaces polaires. Les acteurs sont très bons. Heureusement, car le rythme est très lent et les décors sont limités : deux bateaux dans la banquise, puis, après une année bloqués dans les glaces, et suite à quelques jours de marche pour tenter d'en sortir, un désert de cailloux.

Il en faut du courage, pour affronter ce froid, ces nuits polaires de plusieurs mois, cette promiscuité, ce paysage monotone à faire passer le Plat Pays de Brel pour un parc d'attractions. Sans compter que la nourriture n'est pas terrible : des boîtes de conserve, dont on finit par apprendre que pour des raisons budgétaires elles ont été achetées à des marchands peu scrupuleux, qui les ont mal soudées et qui diffusent des taux de plombs à faire crever 60 millions de consommateurs (message pour Elise Lucet : du caaaalme, trop tard, ce scandale alimentaire c'était il y a longtemps). Et avec toutes ces conditions de travail déplorables capables de provoquer le burn out d'un CHSCT, le tout pendant plusieurs années, les marins ne se mutinent même pas. Ils sont braves et volontaires il est vrai, mais même Colomb n'aurait pas osé réussi à imposer ça (Christophe hein, l'aventurier aux nouveaux horizons, pas Gérard, le beauf aux nouveaux barbelés aux frontières).


On attend la bête

Mais surtout - surtout ! - il y a une sorte de bête bizarre, issue de la mythologie esquimaude, qui vient tuer les marins. Elle ressemble à un ours énorme avec une tête presque humaine, elle est très fâchée, très puissante, et elle mange les hommes qu'elle trouve sous sa patte. Elle doit avoir un lien, de ce qu'on peut comprendre, avec une esquimaude, accueillie par l'équipage alors qu'elle était en perdition sur la banquise. Coup de bol le capitaine de l'expédition parle sa langue, et apprécie la culture de ce peuple. Le médecin de bord l'aime bien, aussi, et il tombe amoureux d'elle. Un peu d'humanité fraternelle au milieu d'un tas de brutes à peine civilisés par la culture britannique - donc à peine.

Bref, cette grosse bête, c'est une vrai récréation, on ne fait que l'attendre, ça rompt la monotonie et la langueur de l'histoire. Vivement qu'elle vienne chercher à bouffer, se dit-on avec un peu de honte au fond de nous-même.

En attendant l'hiver se prolonge et les marins sont toujours coincés dans les glaces. Alors ils partent à pieds, et certains se mutinent. Les mutins sont des méchants qui pratiquent l'anthropophagie, et heureusement leur chef est bête et croit qu'il pourra amadouer la grosse bête en lui offrant un bout de sa propre langue qu'il découpe courageusement avec son couteau - il faut dire qu'il est un peu jeté, le mec. Mais comme le gros ours n'a aucun sens de la valeur héroïque du geste, il mange le bonhomme avec. Tu parles d'un balourd lui aussi, pour une divinité mythologique on a fait mieux.

Et tout cela nous amène à la fin de l'histoire, où, sans vouloir spoiler, entre les morts de froid, les intoxiqués du plomb, les anthropophagés et les digérés de la bête, il ne reste pas grand monde... Mais à vrai dire, on peut parier que du monde, il n'en reste pas non plus beaucoup devant l'écran...


The Terror, série d'une saison de 10 épisodes, créée par David Kajganich et Soo Hugh à partir du roman Terreur de Dan Simmons. Disponible sur Prime Video.