mercredi 27 janvier 2021

La Boîte de Pandore : Justement, ne l'ouvrez pas

Présentation éditeur : Alors qu’il assiste à un spectacle d’hypnose, un homme est choisi dans l’assistance pour participer au numéro final. Dubitatif mais intrigué, René se plie au jeu et se retrouve soudain plongé dans une vie antérieure. Ce n’est que la première…
Au fil de ses découvertes, il comprend que ce qu’il a vécu dans ses vies précédentes peut influer sur sa vie présente. Professeur d’histoire, un nouveau défi passionnant se pose à lui : peut-il changer le cours de l’histoire, le réécrire et modifier ainsi la mémoire collective ?
De Paris à l’Égypte, en passant par l’Atlantide, un roman drôle et audacieux sur les mécanismes de la mémoire – individuelle ou générale – et le sens de l’histoire.

Est-ce utile d'émettre un qualificatif pour décrire ce roman ? Vous allez vite comprendre. C'est l'histoire d'un homme appelé René qui parvient par hypnose à rencontrer ses propres vies antérieures. L'une d'elle, la plus ancienne, est un Atlante, qui vit donc sur l'Altantide, où règne une civilisation nécessairement très évoluée d'un point de vue sagesse, et d'ailleurs la preuve c'est qu'ils sont végétariens et qu'ils mesurent 17 mètres de hauteur. Le gars René, c'est celui qui va sauver une partie des habitants de l'Atlantide en les prévenant qu'ils vont subir historiquement une catastrophe naturelle qui va conduire à la disparition de leur île. Son correspondant sur place - lui-même donc, dans une vie antérieure - le croit et va donc construire un bateau pour sauver ceux qui peuvent l'être. Pour remercier René, cette arche sera appelée - tenez-vous bien - l'arche de Néhé (c'est comme ça que les Atlantes peuvent prononcer René). Vous la tenez ? L'arche de Noé, oubliez tout de suite les origines bibliques : ça vient de René. Et les rescapés de l'Atlantide, que deviennent-ils ? Ils vont en Egypte où on retrouvera leurs ossements un jour, ou pas.

Car m'sieur René est historien. Enfin, prof d'histoire. Et il essaie de faire ouvrir les yeux de ses élèves sur la réalité qu'on nous cache dans des livres d'histoire trop académiques qui travestissent la réalité que lui, m'sieur René, connaît. On nous cache tout, que voulez-vous bande de moutons obsédés par le bac ! 
Sinon le gars René va croiser des tas de "lui-même" antérieurs : un combattant de 14-18 qui va tout lui expliquer sur la stratégie de guerre, une vieille riche qui va lui permettre de récupérer des lingots d'or, et d'autres personnalités qui tiendront, vers la fin du livre, une sorte de réunion où ils se rendront compte les uns et les autres que chacune de leur vie suivante a été marquée par un élément qui leur manquait dans leur propre vie. En gros, mon prochain "moi" sera riche et célèbre. A noter qu'aucun d'eux n'a été très choqué de rencontrer un gars qui leur dit "vous êtes mon ancien Moi, je suis votre Moi futur". N'essayez pas de vous présenter à moi de cette manière, je vous jure que je cours très vite prévenir des gentils messieurs à blouse blanche pour s'occuper de vous. 

Ceci dit, il y a bien eu un psy qui a tenté de s'occuper de lui. Pas de bol c'était un psychopathe qui le torturait en lui expliquant que c'était pour son bien. Sous-entendu : faites gaffe aux psys. 

Alors donc, faut-il qualifier ce roman ? Permettez-moi de me défouler, car j'ai tout lu jusqu'au bout en espérant que la fin proposerait un tel rebondissement que l'embarras que je traînais depuis les premières pages disparaîtrait. J'y vais : ce livre est une des pires clowneries que j'ai lues, et je ne pensais pas qu'un auteur aussi éminent que Werber oserait publier un truc pareil. C'est nul, mal écrit, l'histoire est grotesque, c'est pitoyable. Je n'avais lu de l'auteur que son premier roman sur les fourmis, que j'avais bien aimé. Je referme cette "boîte de Pandore" le plus vite possible en espérant que toutes les merdes qu'elle contient ne viendront pas polluer davantage la littérature. 

Une page au hasard

"Les géants." Ben oui, quoi.

La Boîte de Pandore. Bernard Werber. Le Livre de Poche. 2018.

mercredi 13 janvier 2021

Le Cœur sauvage : Des nouvelles de fer sous une plume de velours


Bûcherons, fermiers, vieux hippies, jeunes artistes ou adolescentes rebelles, les personnages de ces nouvelles vivent à la frontière de la civilisation et du monde sauvage, dans des endroits reculés du Vermont. Tous cherchent à donner un sens à leur solitude et à leurs rêves, au cœur d'une nature à laquelle ils sont, souvent malgré eux, viscéralement liés. L'eau noire et glacée des lacs, l'odeur des champs en juin, la senteur de la résine, les forêts à perte de vue... Robin MacArthur évoque avec puissance et grâce cet univers à la fois âpre et beau, où se reflète l'âme de ses habitant. 
Présentation éditeur.

Parmi les plus belles nouvelles que j'ai lues dans ma chienne de vie. Le lecteur vit une véritable immersion dans l'univers du Vermont, dans la tête des personnages, dans leur vie, leurs pensées, leurs angoisses et leurs joies. Contrairement au vacancier qui plonge direct dans l'océan et en ressort en affirmant fièrement "Au début elle est froide, après elle est bonne", le lecteur va ici vivre en première impression une sorte d'aventure moelleuse portée par une narration calme, merveilleusement envoûtante voire poétique, d'une langueur pas du tout monotone enrichie d'images et de descriptions magnifiques. Mais un malaise grandit en entrant dans la vie des personnages, et l'émotion au début positive se transforme en fin d'histoire en une interrogation : finalement, derrière le calme apparent qui règne ici, n'y aurait-il pas un chaos sur le point de s'exprimer ? La plume de velours ne cacherait-elle pas une violence de fer ? Poser la question c'est y répondre.

Une page au hasard



Le Cœur sauvage, de Robin MacArthur. Ed. Albin Michel, coll. Terres d'Amériques. 2017.