samedi 30 décembre 2017

Les Vieux Fourneaux T4 : Faudrait pas pousser pépère...


Il y a une usine, fatalement dirigée par des requins capitalistes sans foi ni respect de la nature, qui veut s'agrandir. Mais qui bute sur une ZAD (zone à défendre), peuplée de jeunes foutraques mais fatalement sympathiques, qui bloque le projet. Objet de l'opération d'occupation sauvage : il faut sauver une sauterelle qui s'appelle une "magicienne dentelée" (voir photo) et qui s'est installée sur la zone d'extension achetée par les requins susnommés.

La Magicienne Dentelée.
Il y a Antoine - un des "vieux fourneaux" héros de la BD - que ça fâche, parce qu'il comptait sur le développement économique permis par l'extension de l'usine, pour que ça profite à l'emploi pour les jeunes. Mais il y a ses potes, dont Pierrot, qui viennent à la rescousse des zadistes, en vieux soixanthuitards attardés qu'ils sont. Antoine est encore plus énervé quand il se rend compte que son ancien pote Jean-Jacques, médecin, est parti en retraite et remplacé par une doctoresse roumaine. La ZAD, ça met en colère aussi l'association des chasseurs, pour qui c'est pire que dans "Guimauve Frombze" (je vous laisse deviner de quelle série d'anthologie actuelle il s'agit). Il y a Sophie, la petite-fille d'Antoine, qui élève seule sa fille, parfois avec difficulté, et qui aimerait bien rencontrer de près Vasco, l'entomologiste qui a découvert la présence de la sauterelle magicienne dans le coin, et qui est beau comme un dieu. Il y a Joseph, le couvreur, qui cherche à en savoir plus sur la vie privée de Sophie. Il y a Emile, un des trois "vieux fourneaux", qui envoie des fleurs presque tous les jours à Mme Goitreux, une dame du coin, laquelle balance systématiquement le bouquet aux cochons et lui renvoie un colis remplis de merde -  il doit y avoir du passif entre les deux. Il y a ce geek zadiste qui réussit à choper sur internet des documents confidentiels sur un plan social prévu par l'usine en question.

Un brin de déception

Vous allez dire : ça part un peu vrille ta chronique. Mais justement, cet album aussi. Autant les trois premiers tomes m'avaient emballés (lire ma chronique ici) avec la découverte de ces trois vieux attachants, la qualité du dessin et des histoires qui pouvaient se lire indépendamment les unes des autres, autant ce tome 4 est, au mieux, un album d'entre-deux qui pose avec sincérité le décors de futures histoires, au pire un alibi, pour surfer sur le succès mérité des premiers numéros. Dans les deux cas, on se retrouve en bas de la dernière page avec un brin de déception, une impression de vide, et d'invitation désagréable à remettre 12 euros dans la machine pour en savoir plus la prochaine édition. Alors on va rester sur le bénéfice du doute pour nos trois petits vieux, mais on sera vigilants : faudrait voir à pas pousser pépère dans les sorties...

La page 7


Les Vieux Fourneaux, tome 4, La Magicienne. Par Lupano et Cauuet. Ed. Dargaud. Nov. 2017.

samedi 9 décembre 2017

Chasseurs de têtes : Le sale con prétentieux était un malin supérieur


Roger Brown est le meilleur chasseur de têtes de Norvège : il fait subir aux candidats de véritables interrogatoires et ne laisse aucune place au hasard. Mais Roger a une faiblesse, sa femme, la splendide Diana... Voiture de luxe, vêtements de marque, loft immense, galerie d'art et vernissages au champagne, rien n'est trop beau pour elle. Pour financer sa vie privée, il dérobe des toiles de maîtres chez ses clients. Mais le jour où il décide de voler un Rubens à Clas Greve, qui avait pourtant le profil du parfait pigeon, les choses se gâtent. De chasseur, Roger devient proie et le pigeon se révèle être un terrible prédateur... (Présentation éditeur).

Disons-le tout net : Roger Brown, le personnage principal de ce thriller, est un sale con prétentieux. Il est le meilleur chasseur de tête, et il le sait. Il a la plus belle femme qu'on puisse imaginer (à part la mienne), et il le sait aussi. Bref il est fat. Et le pire c'est qu'on est dans sa tête pendant toute l'histoire, car c'est le narrateur. Au début, c'est excitant, car on est dans la peau d'un vainqueur. La première scène, un entretien avec un candidat, prend aux tripes. On salue le professionnel, le manipulateur, on touche du doigt le sentiment de toute-puissance qu'il ressent. Surtout quand la dernière fois qu'on a soi-même ressenti cette toute-puissance c'est quand on provoquait l'angoisse de papa-maman en se retenant de faire caca. Ok, c'est scato comme référence, mais un passage de ce roman est en plein dans le sujet, c'est le cas de le dire, bref vous lirez par vous-même. Comme quoi, chaque mot de cette chronique est pensé et pesé, qu'est-ce que vous croyez ?

Par contre, après un début tonitruant et appétissant, il y a un long passage qui passe longuement (vous noterez l'expression redondante, c'est fait exprès). En un mot, ça se traîne. Peut-être parce que ça tourne vinaigre pour le héro, et comme on est dans sa tête, c'est pas cool. Jusqu'à ce que démarre une traque de dingue, de malade, avec des épisodes très speeds qui trépident (vous noterez la paronymie), et qui ne font plus lâcher le bouquin avant la fin. Il y a du suspens, de la douleur, des morts, de l'imprévu, du cocasse, et même du caca comme je vous l'ai déjà dit. Et surtout la fin est étonnante, du genre où tu te dis "Ah ouaaaaais ! Dingue, ça...".
Donc faites comme moi : lisez, insistez si ça accroche un peu, mais au final c'est vraiment bien. Roger Brown est bien un sale con prétentieux, mais c'est un malin supérieur, il le prouve avec brio, et ça, on ne peut pas le lui retirer.

Pour aller plus loin dans la grande culture

Comme vous l'avez lu dans le résume de l'éditeur, plus haut, Roger Brown décide de voler un Rubens pour joindre les deux bouts en vue de satisfaire les dépenses de sa femme. Le Rubens en question s'intitule "La Chasse du Sanglier de Calydon", et le voici. A revendre ça doit être bien ; à afficher dans son salon, moins.


Chasseurs de têtes, de Jo Nesbo. Folio Policier. 2008.

dimanche 3 décembre 2017

Bernstein : Symphonie en regard majeur


Symphonie en sol n° 88 de Haydn, 4e mouvement, par le Wiener Philarmoniker. Dirigé par Leonard Bernstein. Qui, à la fin, sans attendre les rappels, reprend l'Allegro con spirito final... sans un geste de la baguette. C'était en 1983.
Classe, travail, autorité, complicité, confiance, respect... Du grand art.