mercredi 23 juin 2021

Dowtown Abbey : Sceau british !

Downtown Abbey

Ils sont fous, ces Anglais, mais qu'est-ce qu'ils sont plaisants... Je ne parle pas de la famille royale, qui finit par être assez crispante avec ses histoires internes sordides, ni du XV de la Rose qui est par définition détestable, encore moins de leur Brexit qui prêterait à rire si ce n'était pas si triste. Non, je veux parler ici des vrais Anglais, qui se divisent comme chacun le sait en deux populations : les aristocrates, et ceux qui travaillent pour eux.

Et la série Downtown Abbey, au moins, c'est de la vraie histoire de vrais britishs.  

Il y a les proprios, une famille bien riche - en tout cas qui puise dans les réserves accumulées au fil des siècles par ses aïeux - qui n'a jamais bougé son cul pour se servir un verre au robinet ni rangé une facture de téléphone dans le caisson bleu en métal qui sert à ranger les papiers. Et qui se sent en jogging-chaussettes-sandales quand elle oublie son queue-de-pie pour enfiler un simple costard. Il y a les parents, les filles, qui habitent sous le même toit - et quel toit ! - et la grand-mère qui préfère habiter ailleurs dans un autre pavillon

Et puis il y a les domestiques, hauts en couleur, la cuisinière qui râle mais qui a un cœur d'or ; le majordome très coincé et vieille-Angleterre, mais qui a un cœur d'or ; l'intendante qui est rigoureuse mais qui a un cœur d'or ; un sous-majordome qui est une super ordure mais qui finalement, a un cœur d'or, car il souffre ; et plein d'autres personnels qui sont tous un peu tordus mais qui ont du cœur. 

Et tout cela cohabite. Parfois aussi se mélange : si si, le chauffeur épouse une des filles du lord et devient donc un peu membre de l'aristocratie mais en même temps c'est un indépendantiste irlandais alors évidemment c'est dur niveau conscience de classe. Et au fil du temps - car les saisons s'étalent du lendemain du naufrage du Titanic qui a engloutit un héritier de Downtown Abbey, aux années 1920 ou 1930 - ce microcosme s'adapte plus ou moins aux avancées technologiques (l'arrivée du téléphone, de la TSF...), sociales et culturelles (surtout la place de la femme, en particulier après la guerre 14, celle du patriarcat et de la hiérarchie sociale).


Rien de grave

C'est bien beau tout ça mais qu'est-ce qui se passe, dans cette fucking série ? (Je dis un gros mot en anglais pour montrer que je suis bilingue et que fucking est un mot qui se marie bien avec l'anglais). Eh bien il se passe plein de choses, avec une constante impressionnante : quand quelque chose de grave se produit, il se résout en une quinzaine de minutes. Parfois en un épisode. Dans quelques cas précis, en 3 épisodes. Et dans de rares cas, mais ô combien symboliques, quand il y a des morts, eh bien ça ne s'arrange pas car la résurrection, ce n'est pas donné à tout le monde. 

Mais, outre ces épisodes excessifs, une fois qu'on a compris qu'au bout du compte tout va bien se passer, eh bien... tout se passe bien. Les patrons sont aristos mais comme on n'est pas à la Bastille, ils sont sympas, parfois réacs mais par moment étonnamment progressistes. Quant aux domestiques, comme on n'est pas au pays des soviets, ils sont sympas aussi, ok, mais aussi souvent réacs et par moments progressistes

Comme quoi...

Mais ceci étant dit, foin de sarcasmes. Downtown Abbey est une série plaisante, aux personnages hauts en couleurs, subtils car ni noirs ni blancs, aux anecdotes plaisantes et incessantes aux registres les plus variés - amours, trahisons, tromperies, vénalités, tendresse, souffrance, morts, naissances plus ou moins officielles, joies... 

Bref tout y passe, mais il en est dans cette série comme dans la vie : quand on veut paraître classe, ça cache quelque chose ; mais en même temps, avoir du pognon ça aide. 

Donc regardez les britanniques de Dowtown Abbey comme vous regarderiez  les Anglais sur un terrain de rugby : des gens apparemment de bonne famille qui évoluent discrètement comme des voyous. Mais le jeu est plaisant.

Downtown Abbey, série de 6 saisons, 52 épisodes, et un film, sur Amazon Prime Vidéo.