vendredi 1 mars 2024

The Boys : L'enfer du décor des super-héros

C'était mieux, avant. Avant, quand j'étais jeune... eh bien d'abord j'étais jeune, donc c'était mieux. Mais surtout, les super-héros savaient se tenir. Ils étaient là pour nous sauver, et nous rassurer face à la vermine communiste qui risquait à chaque instant de déferler dans nos contrées et qui manipulait, depuis Moscou, tous les super-méchants

Aujourd'hui, les super-héros se la pètent. Maintenant qu'ils n'ont plus de communistes en face, ils se lâchent. Il suffit de regarder The Boys, sur Prime Vidéo : ils sont grassement entretenus par une super-compagnie ultracapitaliste, qui manipule les médias sur leurs soi-disant actes héroïques largement mis en scène, ils sont tous atteints de maladies mentales liées au sentiment de puissance - mensonge, fourberie, manipulation, perversion... The Boys, c'est l'enfer du décor des super-héros. C'est gerbant, violent, et on n'a qu'une envie : en finir avec cette sale engeance qu'ils représentent, tant ils font du mal aux gens, y compris en tuant de pauvres hères qui ont le malheur de se trouver sur leur passage. Côté face : des sauveurs de l'humanité, présentés comme tels dans les médias. Côté pile : des ordures finies. La série nous accompagne côté pile, auprès d'un petit groupe de citoyens aux personnalités diverses et hautes en couleur, qui a compris quelle supercherie soutenait le système des super-héros et comment la société qui les emploie les manipule, pour l'enrichissement des actionnaires. Mais qui manipule qui ? Le plus pervers des super-héros, sorte de Captain America des temps modernes, fait froid sous la cape. Autoproclamé chef des super-héros, totalement déglingué de la tête, il ne peut supporter que d'autres de ses collègues montent en influence. La directrice de communication de la société qui l'emploie a bien du mal à le contrôler. Tout part en cacahuètes. Et on prend fait et cause pour le groupe de résistants qui, frappés individuellement dans le passé par les méfaits des héros masqués, veut dénoncer leur infamie au grand public. 

Pas simple. C'était mieux, avant : les bons contre les méchants. Mais voilà, on a appris depuis que le monde n'était pas si simple. Il n'y a plus que les Mélenchon et les Le Pen pour nous bassiner sur un monde binaire. The Boys est certes une belle critique du capitalisme, qui la mérite bien. Mais elle décrit surtout la complexité des relations et des jeux d'acteurs des uns et des autres, qu'ils roulent au super ou à l'ordinaire. Et tout cela est finalement très humain. Tragiquement humain. Pas sûr, finalement, que c'était mieux avant : c'était peut-être déjà comme ça, et on nous cachait tout. Marvel n'est plus marvelous. Flippant. 

The Boys. En VOD sur Prime Video.