mercredi 30 avril 2014

La peine de mort est barbare, la Revue dessinée le rappelle superbement

J'ai lu avec horreur ce matin que l'exécution d'un condamné à mort aux Etats-Unis, par injection de produits chimiques, s'était très mal passée. Le type est mort, ce qui est déjà une abomination en soi. Mais surtout il a souffert pendant trois quarts d'heure, à cause d'un sédatif qui n'a pas été bien injecté. Et là, on se dit, "c'est abject, c'est barbare, abolissons la peine de mort vite partout dans le monde !".

Eh bien non. Ou pas tout à fait, dirais-je avec moins de provocation. L'émoi provoqué par cette nouvelle est normal. Mais ce n'est pas parce que la peine de mort peut être douloureuse qu'il faut l'abolir. C'est parce qu'elle est par essence barbare, et qui plus est, inutile.

Ce qui m'amène à ma lecture de ces derniers jours. Dans la Revue dessinée n° 3, il y a justement un documentaire sur l'histoire de la guillotine (par Marie Gloris, dessiné superbement par Rica). Or, en instituant la "décapitation mécanique" en 1789, nos ancêtres révolutionnaires voulaient justement humaniser la peine de mort. Une peine égalitaire : tous les condamnés à mort, quel que soit leur niveau dans la société, auraient dorénavant la tête tranchée, alors qu'avant, la décapitation était réservée aux nobles. Dans cet article en BD, la Revue décrit avec précision comment on en arrive à ce "fait étrange : la guillotine matérialise les idées nouvelles et révolutionnaires dans le domaine de la justice. Le postulat est humaniste et philanthropique, mais l'idée aberrante est bien celle de vouloir humaniser la peine de mort. Décapiter semble plus propre, plus humain que les tortures jusqu'alors en vigueur". Qu'on en juge en effet : le supplice du chien, l'éventrement, le bûcher, le pal, le sciage (oui, le condamné suspendu les jambes en l'air écartées, et on le coupait en deux avec une grande scie en partant de l'entre-jambes).

Tout est décrit dans cet article. Même la mécanique de la guillotine. La science au service de la mort programmée. Ainsi sait-on que le couperet arrivait à la vitesse de 23,4 km/h sur la nuque du condamné. Entre le déclenchement du couperet et la fin de la "décollation", s'écoulait moins d'une demi-seconde. Mais l'important c'est que tout ça, c'était mieux qu'avant, c'était égalitaire, c'était propre et net.

Et pourtant. Même avec cet instrument de sciences, il arrivait parfois des problèmes. S'y reprendre à deux fois pour trancher la tête, parce que le condamné est trop gros, ou trop agité (tranchage de la calotte crânienne le 10 juin 1916...). Finir le travail au couteau (la tête doit être totalement tranchée, article 12 du Code pénal).

Tout ça pour dire quoi ? Oui une exécution c'est affreux parce que ça peut être douloureux et complètement gore. Mais même avec un instrument de la plus grande précision, qui fonctionnerait bien à 100 %, et qui ferait même presque le plus grand bien au condamné dans le dixième de seconde qui précède sa mort, même avec le plus merveilleux des instruments, la peine de mort doit être abolie.
Point barre.


Outre le coup de chapeau à cet article de la Revue dessinée, je salue une revue vraiment bien foutue, avec de très bons dessins, qui racontent des tas de sujets très intéressants et très documentés. Par exemple un sujet complet sur le Front national, que je vais m'empresser de lire. Un vrai travail de journalisme et de dessinateurs réunis. Non seulement je préconise, mais je vais de ce pas m'abonner. Allez voir leur site, c'est vraiment très bon.

 La Revue Dessinée n° 3. 15 euros. En librairie. 

jeudi 3 avril 2014

La Maison à Vapeur : du Jules Verne, du pur chocolat dégusté sur un lit



Un gamin... Comme un gamin que j'étais à lire cette BD inspirée d'un roman de Jules Verne (pas sûr que la BD corresponde vraiment au roman, celui-ci je ne l'ai pas lu, mais qu'importe). Comme un gamin que j'étais qui rêvait sur toutes les histoires du père Jules, que ce soit un Capitaine de 15 ans, 20 000 lieues sous les mers, Le Tour du Monde en 80 jours, etc. Tout ça m'a fait profondément rêver, m'a évadé, m'a forgé, même. Juste un truc : malgré les aventures aux quatre coins du monde qu'a racontées l'écrivain, je ne suis pas un globe trotter. Mais Jules Verne non plus, à ce que je sache. Et qu'importe, tout cela n'est que littérature. Et c'est déjà beaucoup.
Bref, toujours est-il que l'aventure racontée dans cette BD est typique "vernien". D'abord une avancée technologique (imprégnée d'un côté bien suranné typique de l'époque) : une machine à vapeur qui permet de se déplacer en-dehors d'une ligne de chemin de fer (un truc de ouf) sur de longues distances, avec des wagons derrière. Côté "époque", la machine à vapeur a l'allure d'un éléphant. Tranquille, mais puissant. On est, avec Jules Verne, dans l'idée que le progrès scientifique est sans limite, il est en marche et ne s'arrêtera pas.
Là-dessus, un voyage à travers des pays exotiques. Ce sera en Inde que se traînera l'éléphant à vapeur. Ce sont les nouvelles frontières du monde, qu'il faut explorer puis civiliser.
Et puis, pour le côté "ouhla, une histoire à faire frissonner"... un histoire à faire frissonner, lardée de populations locales un peu frustres et violentes (les civiliser, vous dis-je !).
Tout y est, le progrès, l'exotisme, la civilisation en marche, les sauvages à faire évoluer, une intrigue simple mais efficace. A déguster, vautré sur son lit, avec un carré de chocolat, comme quand on avait 10 ans.

Et pour aller plus loin...

Le 24 mars dernier, Jules Verne disparaissait il y a 109 ans. La Maison de Jules Verne à Amiens peut être visitée. Mais il y a surtout les Machines de l'Ile, à Nantes (où il est né en 1828) qui font partir en vrille l'imagination des visiteurs. A voir absolument, c'est fantastique.

La Maison à Vapeur. Samuel Figuière. Ed. Clair de Lune.