mercredi 12 février 2020

Le nuage : Une palpiflippante réalo-fiction radio active


Le 25 août 2020, un accident se déclare dans l’une des plus vieilles centrales françaises, le Douvrey, près de Lyon. Julia Roch-Rivière, directrice de la centrale, va tout tenter pour protéger la population du nuage radioactif. Mais sur sa route, se dresse plus puissant qu’elle. (présentation réalisation)

Que se passerait-il si un accident nucléaire majeur se produisait en France ? Impossible, vous nagez en pleine science fiction catastrophe de série B ! s'écrient les nucléocrates. Oui mais, imaginons quand même. Eté 2020, la canicule sévit sur l'Hexagone (là, on nage en plein réalisme avec les bouleversements climatiques), et ça, les grosses chaleurs, les centrales nucléaires, elles n'aiment pas, car il faut toujours refroidir le cœur du réacteur, avec de l'eau fraîche si possible, sinon la réaction nucléaire s'emballe. Et quand il fait très chaud, et que l'eau n'est plus assez rafraîchissante...  Eh bien au Douvrey, par exemple, cela produit un accident nucléaire majeur. Bon, sur les aspects techniques, je résume, hein. Parce que bien sûr, le moindre employé un peu gradé d'EDF pourra me couvrir de ridicule en démontant ma démonstration en un powerpoint de trois slides.

Quand soudain, tout s'emballe 
Mais peu importe ! Même l'employé un peu gradé d'EDF reconnaîtra que le nucléaire, cela peut être dangereux ! Tchernobyl, Fukushima... Oui ok, en France c'est impossible, on maîtrise tout. Mais là il y a un truc qui pète, un truc qui ne se passe pas comme prévu. Allez, on imagine, ok ? 
Et là, tout s'emballe. Le réacteur, qui rejette des radiations. Les médias, qui font le job, mais qui peuvent être dépassés par la réalité. La machine étatique, qui ne supporte pas d'être contredite. Et au milieu... les vrais gens. L'histoire du "Nuage" se centre sur le vécu de la directrice de la centrale, jouée par Emmanuelle Devos. Une femme honnête, qui sait que cela va mal se dérouler, que les gens sont en danger. Mais qui sera lâchée par sa hiérarchie soumise aux politiques qui n'ont aucun intérêt à faire penser qu'on ne contrôle plus rien... 
Cette série est en podcast, elle est donc à écouter. L'immersion est même excellente pour peu qu'on utilise des écouteurs. Les acteurs sont excellents, ce sont de vrais acteurs. Les sons, les bruits le sont tout autant : ce sont des vrais sons d'ambiance réelle. Le making-off est à cet égard intéressant (Pour le voir c'est ici). Et l'histoire, réaliste - désolé l'ami gradé d'EDF - est prenante et inquiétante. Un vrai et bon podcast, professionnel, palpiflippant (tiens, j'ai inventé un mot). 

Le nuage. Podcast en 5 épisode, sur Spotify. Série du studio Nouvelles Ecoutes. Avec Emmanuelle Devos et Damien Bonnard. Réalisation Aurore Meyer-Mahieu et Nicolas Becker.

mercredi 5 février 2020

Viscères : Vieux pots, vieux suspens, vieux clichés


Et si votre pire cauchemar recommençait ?
Il y a quinze ans, deux amoureux ont été retrouvés sauvagement éviscérés dans le bois attenant à la maison de campagne des Anchor-Ferrers. Le principal suspect, qui a avoué les crimes, est depuis sous les verrous. Mais aujourd'hui, alors que Oliver, Matilda et leur fille, Lucia, n'ont pas oublié cette découverte macabre, l'histoire se répète, plongeant la famille dans la terreur.
En grand peintre de l'angoisse, Mo Hayder nous livre une série de tableaux sanglants, dans lesquels le commissaire Jack Caffery, toujours hanté par la disparition de son jeune frère, est plus vulnérable que jamais.

Présentation éditeur


Mais j'en ai marre de ces thrillers où tout est prévu, télécommandé, concocté pour être pris en stress avec des ingrédients connus, reconnus, utilisés et réutilisés, usés jusqu'à la corde, la corde vocale la plus martyrisée par les cris d'effrois attendus par les "maîtres et maîtresse du suspens" !

Une fois encore, de quoi parle-t-on ? Evidemment d'un huis clos, dans une maison éloignée de tout et qui COMME PAR HASARD ne dispose plus de ligne téléphonique, elle est en panne c'est ballot. Fatalement, dans les personnages, il y en a au moins un qui est fragile et dont l'état de santé laisse à désirer : COMME PAR HASARD un des héros sort d'une opération cardiaque, et ça craint du tambourin thoracique. Bien sûr, il y a de la gerbe : le bouquin ne s'appelle pas "Viscères" par hasard, c'est juste que le psychopathe étale les tripes de ses victimes sur les branches des arbres. COMME PAR HASARD c'est une image insoutenable. Continuons : le psychopathe, justement. En fait ils sont au moins deux. Et COMME PAR HASARD au départ ils ont l'air normaux, ils se présentent même comme des policiers, c'est pour dire. Pas de bol, ils sont timbrés et prennent possession des lieux (isolés du reste du monde, donc) et des gens (donc le fragile cardiaque). Et COMME PAR HASARD on trompe un peu le lecteur histoire de mieux le choquer : soudain on les croit partis de la scène où tentent de survivre les personnages encore vivants, et une heure plus tard, coucou ! ils repassent la tête en disant "Vous ne croyez pas que c'était fini, non ?" Ah ah ! Les perveeeers ! Et pourquoi ils avaient commencé par partir ? Ben on ne sait pas, juste pour pouvoir revenir et nous faire dire "Ah les salauds, on se croyait débarrassés d'eux". Alors même qu'il y a encore 200 pages à lire, hein, on le sent bien sous les doigts, mais on aime bien croire aux Pères Noël, des fois, qu'est-ce qu'on est con aussi. Et puis pour couronner le tout, il y a ce flic, dont on parle depuis le début du roman, qui s'occupe de tout autre chose que des gens qui ont des histoires avec ces psychopathes. On sent bien que ce policier va être celui qui va sauver les victimes, quitte à mourir dans d'atroces souffrances au dernier moment sans qu'on s'y attende. Mais COMME PAR HASARD, l'agent est un peu rebelle avec sa hiérarchie, parce qu'il est torturé par sa propre histoire, plombée par le meurtre de son frère, et soudain il a une idée pour résoudre l'énigme de ce meurtre et donc il part en vrille et on se demande comment il va, au final, avoir le temps d'aider à sauver les autres gens dont le livre parle, dans les autres pages, ceux qui sont aux prises avec les psychopathes. Vous suivez ?
Eh bien moi j'ai arrêté de suivre. J'ai laissé tomber à la centième page environ, parce que ces vieilles soupes aux vieilles recettes sans surprises, j'en ai marre. C'est comme le décès récent de Mary Higgins Clark : on n'est pas dupes ! On le sait, qu'elle a en vrai été victime d'un assassinat déguisé en mort naturelle par un psychopathe de son entourage après avoir été enfermée dans sa cave pendant trois ans à subir des souffrance psychologiques graves.
Alors ça suffit les vieux cuistots du thriller. Ce n'est pas toujours dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes.

Viscères, de Mo Hayder. Ed. Pocket, 2016.