mercredi 5 février 2020

Viscères : Vieux pots, vieux suspens, vieux clichés


Et si votre pire cauchemar recommençait ?
Il y a quinze ans, deux amoureux ont été retrouvés sauvagement éviscérés dans le bois attenant à la maison de campagne des Anchor-Ferrers. Le principal suspect, qui a avoué les crimes, est depuis sous les verrous. Mais aujourd'hui, alors que Oliver, Matilda et leur fille, Lucia, n'ont pas oublié cette découverte macabre, l'histoire se répète, plongeant la famille dans la terreur.
En grand peintre de l'angoisse, Mo Hayder nous livre une série de tableaux sanglants, dans lesquels le commissaire Jack Caffery, toujours hanté par la disparition de son jeune frère, est plus vulnérable que jamais.

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Mais j'en ai marre de ces thrillers où tout est prévu, télécommandé, concocté pour être pris en stress avec des ingrédients connus, reconnus, utilisés et réutilisés, usés jusqu'à la corde, la corde vocale la plus martyrisée par les cris d'effrois attendus par les "maîtres et maîtresse du suspens" !

Une fois encore, de quoi parle-t-on ? Evidemment d'un huis clos, dans une maison éloignée de tout et qui COMME PAR HASARD ne dispose plus de ligne téléphonique, elle est en panne c'est ballot. Fatalement, dans les personnages, il y en a au moins un qui est fragile et dont l'état de santé laisse à désirer : COMME PAR HASARD un des héros sort d'une opération cardiaque, et ça craint du tambourin thoracique. Bien sûr, il y a de la gerbe : le bouquin ne s'appelle pas "Viscères" par hasard, c'est juste que le psychopathe étale les tripes de ses victimes sur les branches des arbres. COMME PAR HASARD c'est une image insoutenable. Continuons : le psychopathe, justement. En fait ils sont au moins deux. Et COMME PAR HASARD au départ ils ont l'air normaux, ils se présentent même comme des policiers, c'est pour dire. Pas de bol, ils sont timbrés et prennent possession des lieux (isolés du reste du monde, donc) et des gens (donc le fragile cardiaque). Et COMME PAR HASARD on trompe un peu le lecteur histoire de mieux le choquer : soudain on les croit partis de la scène où tentent de survivre les personnages encore vivants, et une heure plus tard, coucou ! ils repassent la tête en disant "Vous ne croyez pas que c'était fini, non ?" Ah ah ! Les perveeeers ! Et pourquoi ils avaient commencé par partir ? Ben on ne sait pas, juste pour pouvoir revenir et nous faire dire "Ah les salauds, on se croyait débarrassés d'eux". Alors même qu'il y a encore 200 pages à lire, hein, on le sent bien sous les doigts, mais on aime bien croire aux Pères Noël, des fois, qu'est-ce qu'on est con aussi. Et puis pour couronner le tout, il y a ce flic, dont on parle depuis le début du roman, qui s'occupe de tout autre chose que des gens qui ont des histoires avec ces psychopathes. On sent bien que ce policier va être celui qui va sauver les victimes, quitte à mourir dans d'atroces souffrances au dernier moment sans qu'on s'y attende. Mais COMME PAR HASARD, l'agent est un peu rebelle avec sa hiérarchie, parce qu'il est torturé par sa propre histoire, plombée par le meurtre de son frère, et soudain il a une idée pour résoudre l'énigme de ce meurtre et donc il part en vrille et on se demande comment il va, au final, avoir le temps d'aider à sauver les autres gens dont le livre parle, dans les autres pages, ceux qui sont aux prises avec les psychopathes. Vous suivez ?
Eh bien moi j'ai arrêté de suivre. J'ai laissé tomber à la centième page environ, parce que ces vieilles soupes aux vieilles recettes sans surprises, j'en ai marre. C'est comme le décès récent de Mary Higgins Clark : on n'est pas dupes ! On le sait, qu'elle a en vrai été victime d'un assassinat déguisé en mort naturelle par un psychopathe de son entourage après avoir été enfermée dans sa cave pendant trois ans à subir des souffrance psychologiques graves.
Alors ça suffit les vieux cuistots du thriller. Ce n'est pas toujours dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes.

Viscères, de Mo Hayder. Ed. Pocket, 2016.

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