samedi 9 décembre 2017

Chasseurs de têtes : Le sale con prétentieux était un malin supérieur


Roger Brown est le meilleur chasseur de têtes de Norvège : il fait subir aux candidats de véritables interrogatoires et ne laisse aucune place au hasard. Mais Roger a une faiblesse, sa femme, la splendide Diana... Voiture de luxe, vêtements de marque, loft immense, galerie d'art et vernissages au champagne, rien n'est trop beau pour elle. Pour financer sa vie privée, il dérobe des toiles de maîtres chez ses clients. Mais le jour où il décide de voler un Rubens à Clas Greve, qui avait pourtant le profil du parfait pigeon, les choses se gâtent. De chasseur, Roger devient proie et le pigeon se révèle être un terrible prédateur... (Présentation éditeur).

Disons-le tout net : Roger Brown, le personnage principal de ce thriller, est un sale con prétentieux. Il est le meilleur chasseur de tête, et il le sait. Il a la plus belle femme qu'on puisse imaginer (à part la mienne), et il le sait aussi. Bref il est fat. Et le pire c'est qu'on est dans sa tête pendant toute l'histoire, car c'est le narrateur. Au début, c'est excitant, car on est dans la peau d'un vainqueur. La première scène, un entretien avec un candidat, prend aux tripes. On salue le professionnel, le manipulateur, on touche du doigt le sentiment de toute-puissance qu'il ressent. Surtout quand la dernière fois qu'on a soi-même ressenti cette toute-puissance c'est quand on provoquait l'angoisse de papa-maman en se retenant de faire caca. Ok, c'est scato comme référence, mais un passage de ce roman est en plein dans le sujet, c'est le cas de le dire, bref vous lirez par vous-même. Comme quoi, chaque mot de cette chronique est pensé et pesé, qu'est-ce que vous croyez ?

Par contre, après un début tonitruant et appétissant, il y a un long passage qui passe longuement (vous noterez l'expression redondante, c'est fait exprès). En un mot, ça se traîne. Peut-être parce que ça tourne vinaigre pour le héro, et comme on est dans sa tête, c'est pas cool. Jusqu'à ce que démarre une traque de dingue, de malade, avec des épisodes très speeds qui trépident (vous noterez la paronymie), et qui ne font plus lâcher le bouquin avant la fin. Il y a du suspens, de la douleur, des morts, de l'imprévu, du cocasse, et même du caca comme je vous l'ai déjà dit. Et surtout la fin est étonnante, du genre où tu te dis "Ah ouaaaaais ! Dingue, ça...".
Donc faites comme moi : lisez, insistez si ça accroche un peu, mais au final c'est vraiment bien. Roger Brown est bien un sale con prétentieux, mais c'est un malin supérieur, il le prouve avec brio, et ça, on ne peut pas le lui retirer.

Pour aller plus loin dans la grande culture

Comme vous l'avez lu dans le résume de l'éditeur, plus haut, Roger Brown décide de voler un Rubens pour joindre les deux bouts en vue de satisfaire les dépenses de sa femme. Le Rubens en question s'intitule "La Chasse du Sanglier de Calydon", et le voici. A revendre ça doit être bien ; à afficher dans son salon, moins.


Chasseurs de têtes, de Jo Nesbo. Folio Policier. 2008.

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