mardi 5 juillet 2016

Revue Dessinée d'été : Du bonheur et des cris


Je ne sais pas si c'est la saison estivale qui veut ça, mais voilà une nouvelle livraison de la Revue Dessinée qui déprime moins que d'habitude. On y parle du Bonheur national brut, un concept développé au Bouthan, un petit pays perché dans l'Himalaya. Bon c'est le concept qui est développé hein, parce que l'épanouissement du bonheur, lui, reste un combat. Qu'à cela ne tienne, cherchons la zenitude personnelle avec la pratique du yoga : un des journalistes a testé pour vous, c'est assez frais et la chute est rigolote. Droit à la différence, droit à l'indifférence, peuvent aussi contribuer au vivre ensemble et à se sentir libre : un enquête est consacrée au quartier parisien où l'homosexualité peut être vécue sans tabou, dans une société adulte qui a bien évolué en quelques années, même s'il reste beaucoup à faire. Au chapitre des libertés, on lira également avec intérêt les quelques pages sur l'histoire des dessins de presse qui disent des gros mots ou qui magnifient des personnages assez crades genre le Gros Dégueulasse de Reiser... 

Un chouïa de déprime
Bref tout cela est vivifiant et optimiste. Certes il y a aussi du déprimant : cette enquête sur les "Cat Bonds", nouveaux produits financiers censés assurer contre les risques environnementaux majeurs (volcan qui s'éveille, tsunami qui déferle, tornade qui balaye, centrale nucléaire qui explose... À côté, vos histoires de dégât des eaux c'est minable). Censés assurer donc, mais conçus de telle manière qu'ils n'assurent pas mais qu'ils nourrissent les spéculateurs. Egalement à lire en l'absence de corde, de flingue ou de boîte de médicaments à proximité : l'histoire de la découverte de la radioactivité et ses usages, ou l'enquête sur la bombe atomique et sa relative inutilité opérationelle en cette époque post-Yalta où on ne sait même pas vers qui dresser nos ogives nucléaires...

Mais la Revue Dessinée ne serait pas la Revue Dessinée si elle ne dénonçait pas, si elle n'expliquait pas le monde dans lequel nous vivons, si elle ne criait pas, à grands coups de dessins, les aberrations, les injustices et les scandales qui nourrissent à juste titre nos indignations. Et comme trop d'indignation peut aussi conduire à la paralysie, la Revue fait bien de développer davantage de sujets qui donnent espoir en la nature humaine. Continue, Revue ! 

La Revue Dessinée. Nº12, Été 2016. 17€ en librairie. http://www.larevuedessinee.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Un commentaire ?