vendredi 14 février 2014

Le Centre historique minier donne un coup de grisou aux nostalgiques


Ah le bon vieux temps !
Le bon vieux temps où le mineur commençait à travailler à 8 ans pour pousser des berlines au fond de la mine, remplie de charbon par son père, par 35 degrés et 80% d'humidité. 
Le bon vieux temps où les ouvriers vivaient dans des villages pour ouvriers, propriétés du patron, comme l'école, la boulangerie, le club de foot ou l'église, seul le cimetière échappant à sa coupe. 
Le bon vieux temps où le mineur était payé à la quantité de charbon extraite, donc plus tu bosses plus tu gagnes (travailler plus pour gagner plus, y a que ça de vrai !) jusque 12 à 14 heures par jour du temps de Germinal. Et plus encore la quinzaine avant la Sainte Barbe (4 décembre), patronne des mineurs (mais aussi des pompiers, des métallos, des architecte et de l'Ecole Polytechnique) : fête oblige, donc dépenses obligent, le mineur était autorisé à amasser davantage d'argent par anticipation pour assumer les agapes à venir. Le respect des traditions...
Ah le bon vieux temps qui cassait le travailleur à force de travail. Le bruit infernal des machines qui rendait sourd en cours de carrière, la chaleur qui déshydratait, et la poussière, malgré les tonnes de flotte balancées sur la roche pour la plaquer au sol (et qui obligeait à bosser les genoux dans la boue), la poussière qui attaquait les poumons et provoquait des silicoses. Les silicoses, plus mortelles encore que les coups de grisou, mais moins rapide quand même : en 1906, un coup de grisou provoque un dégagement de poussière de charbon qui s'enflamme, la vague de feu parcourt plus de 100 km de galeries à 1000 km/h et tue 1 099 travailleurs. C'est la catastrophe de Courrières.

Tout ce bon vieux temps, le Centre historique minier du Nord Pas-de-Calais à Lewarde fait bien de le mettre en valeur. Edifiant, instructif, émouvant. La visite de ce haut lieu de mémoire de l'histoire ouvrière, sur le site même où 1 000 personnes travaillaient, accompagnée de témoignages d'anciens mineurs, est la meilleure réponse à apporter aux nostalgiques d'une époque et d'un fonctionnement heureusement révolus. Non ce n'était pas mieux avant. En revanche, c'est bien dans ces situations difficiles que les ouvriers ont su s'organiser pour tisser des liens concrets de solidarité entre eux (mutuelles, syndicalisme, actions pour obtenir des droits), et ça, c'est un des fruits positifs de ce passé, dont les salariés bénéficient encore maintenant. Et qui aurait mérité d'être davantage expliqué et exposé sur ce lieu de mémoire (voir à ce sujet le musée virtuel de la Mutualité française). Histoire de faire taire aussi bien les nostalgiques d'extrême droite que les dépressifs d'extrême gauche qui prétendent qu'on vit encore comme du temps de Zola.
Il y a, à Lewarde, tellement à voir, à entendre, à sentir, à s'émouvoir, à penser. Un site à visiter absolument.

Centre historique minier. Fosse Delloye. Rue d'Erchin. 59287 Lewarde. Tél 03 27 95 82 82. Email : contact@chm-lewarde.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Un commentaire ?