vendredi 17 mars 2017

Soda n°13 : Une résurrection dure à vivre


Comme chaque année, ignorant toujours le vrai métier de son fils, Mary Solomon réclame une simple rose pour son anniversaire, mais pas n'importe laquelle : une de ces délicates roses blanches que son ami fleuriste vend désormais à la sauvette dans une proche station de métro.
Mère et fils arrivent ensemble sur place, mais tandis que le "pasteur" Soda négocie avec le vieux vendeur l'achat de tout son stock de roses, Mary a l'attention attirée par un personnage sombre, à la physionomie vaguement orientale, porteur d'un sac à dos.
Ce dernier a, par inadvertance, laissé tomber une enveloppe contenant une importante somme que Mary, s'éloignant de son fils pour trottiner dans la foule des navetteurs, tente de lui restituer. Mary est cardiaque, pas bien agile, mais au bout d'une ou deux minutes, elle parvient néanmoins à interpeler timidement l'inquiétant personnage. Dissimulant mal sa surprise, il s'empresse de s'éloigner avec l'enveloppe... avant de se raviser... pour glisser à l'oreille de la vieille dame : "Ces jours-ci, ne prenez surtout pas le métro !"
Soda ne prend connaissance de l'anecdote que Mary lui confesse naïvement que dans la soirée. Il se lance alors avec 8 heures de retard sur la piste de Khalid Cheik.
(Présentation éditeur)

Ne dites pas à sa mère qu'il est flic, elle le croit pasteur. Un mensonge œdipien (je vous épargne l'analyse psy) qui constitue le fil rouge de Soda, une bonne série d'action policière au décor new-yorkais, légère et pleine de suspens. C'est bien simple, ça s'agite comme dans Starsky et Hutch, mais en plus subtil. 

Soda vit chez sa maman, c'est un bon fils, il part le matin habillé en pasteur, sa mère lui souhaite une bonne journée à distribuer la bonne parole, il se change dans l'ascenseur et se retrouve en bas de chez lui en tenue de flic, prêt à distribuer les coups et les balles. Et depuis douze aventures, c'est comme ça, et ça se passe avec des bing et des paf, des énigmes, du suspens.

Sorti en 2014 (oui ça commence à dater, permettez-moi de prendre le temps que je veux), attendu depuis neuf ans pour des raisons que je vous laisse lire ici, ce tome 13 a une caractéristique : il est glauque. Est-ce que c'est le nouveau dessinateur de Soda ? Non, le trait de Dan Verlinden, et son style, sont  propres et dynamiques et restent dans la lignée des albums précédents. Est-ce le scénariste ? Le grand Philippe Tome est toujours à la barre, comme aux premiers pas de son personnage. La raison est sans doute à chercher dans l'histoire encore récente de New York, ville qui fait partie intégrante de la série, qui lui en donne le ton, l'univers, le contexte, la couleur, la violence et presque l'odeur. New York, c'est un compagnon de Soda. Or, New York a été agressée en 2001. Il fallait en parler un jour. Les auteurs de la BD semblent avoir voulu exorciser ces attentats, et ont donné un cadre "terroriste" à l'intrigue. Là où, jusque là, les histoires de Soda avaient un petit air d'insouciance, de série télé, celle du numéro 13 est grave, sombre, déprimant. Le personnage principal est lui-même déprimé. Il vaut mieux avoir le moral pour lire cet album. La "résurrection" (son titre), une expérience manifestement dure à vivre...

La page 7



Soda, tome 13. Résurrection. Par Dan et Tome. Ed. Dupuis. 2014. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Un commentaire ?