lundi 24 octobre 2016

Columbo sur les planches : Lieutenant, il y a ma femme qui me chiffonne...


On a beau savoir que Columbo trouve toujours le coupable, on est systématiquement scotché à son canapé à regarder pendant plus d'une heure ce qui ressemble à une série animalière où un félin joue avec une proie qui sera inéluctablement croquée. Eh bien pour ce Columbo-là, oubliez votre canapé et choisissez un fauteuil de théâtre. Oubliez aussi vos cacahuètes provisionnées sur votre table de salon pour grignoter pendant l'épisode : de toutes façons, vous les aviez oubliées, vous étiez focalisé sur votre écran.

Oubliez tout, et revenez aux sources de Columbo. Car avant d'être une star de la télé, le Lieutenant (pas Inspecteur, s'il-vous-plaît, Lieutenant, "c'est un cran au-dessous") était un personnage de théâtre (en 1962). C'est lui, et la première histoire de meurtre qu'il a élucidée, que vous pouvez retrouver au Théâtre Michel. La première histoire qui a lancé ensuite l'idée d'en faire une série télé. Avec déjà tous les ingrédients : le spectateur est témoin du meurtre ; il suit les réflexions du Lieutenant qui le conduiront à trouver l'assassin, dans un apparent désordre et quelques échanges cocasses ; Columbo est pénible, décalé, il se focalise sur les détails "qui le chiffonnent" et qui tuent (dans tous les sens du terme) ; il a une Peugeot 403 minable, un chien bien cool et une femme à qui il parle souvent. Et ça c'est bien. Il faut toujours parler à sa femme.

Quant à l'histoire, elle est dans la veine columbienne : un psychiatre et sa maîtresse inventent le crime presque parfait pour se débarrasser de madame et vivre pleinement leur amour. "Lieutenant, il y a ma femme qui me chiffonne", aurait pu avouer le psy à Columbo, s'il avait eu de l'humour et un instinct suicidaire. Mais il n'a aucun intérêt à le dire, il est trop prétentieux pour se plier à de l'humour. On reste scotché au fauteuil pendant plus d'une heure et demi, à défaut de canapé au Théâtre Michel. Les acteurs sont bons, et Martin Lamotte ressuscite à merveille Peter Falk et tous ses tics gestuels, linguistiques et vestimentaires. Bref, il faut voir cette pièce : elle a toute l'odeur d'un Columbo en chair et en os, sans la puanteur de son cigare. J'en ai parlé à ma femme, elle est d'accord.

Columbo, Meurtre sous prescription. Au Théâtre Michel, Paris. 

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