samedi 24 septembre 2016

Revue Dessinée d'automne : Migrations, démocraties, des faits, des gens


Avec un reportage sur le camp de Calais, cela fait plusieurs fois que la Revue Dessinée s'attarde sur la question des réfugiés, et elle a raison. Les médias présentent le sujet comme "la plus grande crise migratoire depuis la dernière guerre mondiale", ou comme un problème qui divise, qui fait peur, et qui hystérise la société française, et c'est vrai, malheureusement. Mais derrière les chiffres, les masses, les concepts, les amalgames de toutes sortes, il y a tout simplement des gens qui ont eu le courage de risquer leur vie pour rester en vie. Et on ne saurait trop remercier la Revue Dessinée de décrypter les faits et de donner chair humaine aux personnes concernées, loin de la compassion excessive et stérile comme du jeu dangereux de l'interpellation identitaire. Ici, il s'agit de mieux comprendre et de se poser en citoyens, pas de suivre le pseudo raisonnement politique d'un crétin d'extrême gauche ou d'une manipulatrice d'extrême droite.

A propos de jeu politique, une très bonne séquence sur les dessous de la réalisation d'une loi, celle d'Emmanuel Macron, donne ce qu'il faut d'infos pour se rendre compte que réaliser une loi n'est pas simple, et que tout en politique est affaire de rapports de force qui peuvent varier à chaque instant. On le voit, légiférer au nom du peuple est un combat qui échappe au peuple, mais en contrepartie, manifestement, un ministre ne peut pas imposer ses choix et son bon-vouloir...


Lange, culture et libertés

En revanche, il y a des lobbies qui s'imposent aux acteurs démocratiques, et ça, ce n'est pas rassurant. Le Flash Ball, le LBD40, lanceurs de balles en caoutchouc contre les manifestants un peu trop agités, sont manipulés par des agents des forces de l'ordre pas toujours au top de la manipulation, et pas toujours d'équerre avec les règles de sécurité. Qu'importe, cela rapporte à des entreprises, et tant pis si cela tue ou handicape à vie, parfois... La BD développée sur le sujet est édifiante et passionnante.

Mais heureusement il y a aussi du positif et du remontage de moral dans ce numéro (d'ailleurs une tendance à noter depuis au moins le dernier opus : on n'est plus seulement dans la lamentation et le désespoir, toujours mis en avant par les extrémistes et qui nourrit surtout le populisme, donc merci la Revue). On apprend des mots (cette fois-ci le mot "personne"), on apprend une pratique sportive (le catamaran, c'est pas si simple), on se cultive (séquence musique, séquence film avec "In the Mood for love"), on se réjouit d'être dans un pays de liberté du dessin de presse (focus sur la caricature)...

Bref, la Revue Dessinée a encore réussi son coup, le numéro d'automne est plein d'infos et de sujets à penser, et dans cette période d'entame de campagne présidentielle qui affiche déjà un niveau de débat public en dessous de zéro, cette publication contribue autant que possible à éviter un naufrage des valeurs démocratiques et républicaines qui arrangerait pourtant certains prétendants avides de pouvoirs.

La page 77



La Revue Dessinée, automne 2016, n° 13.








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