samedi 5 mars 2016

Paroles de poilus : Guerre, pères et manques


Il y a tous ces pères qui écrivent à leurs enfants qu'ils vont enfin se revoir quand ils rentreront de cette foutue guerre, victorieux il va de soi, mais qui leur conseillent, si un malheur arrivait, d'aider leurs mères dans leur quotidien, et de les respecter.
Il y a ce soldat qui n'a jamais vu sa fille, rêve de la voir, lui écrit pour qu'elle pense à lui plus tard, et qui, anarchiste refusant la guerre, conchiant les gradés, est contraint d'être au front, admirant la beauté terrifiante des fils de lumière que les balles traçantes dessinent dans le ciel nocturne. 
Il y a ce papa qui s'en est sorti, c'est la fin de la guerre, il attend sa femme et son enfant, mais ce dernier joue avec une grenade tombée de la poche d'un soldat, sur le quai de la gare, la dégoupille et tue sa mère. I
l y a cet amour que porte une enfant (Françoise Dolto !) pour son oncle parti au front, elle lui écrit qu'ils vont se marier, il lui répond que oui bien sûr, avec un smiley si le smiley avait existé à l'époque, mais il meurt. 
Il y a des dizaines de lettres de combattants de 14-18 à leurs enfants, qui tentent de rester pudiques sur la violence qu'ils vivent à chaque instant, pour ne pas les choquer, pour instaurer une parenthèse épistolaire de douceur, un cessez-le-feu momentané, le temps d'écrire leur amour et leurs espoirs, mais qui laissent transpirer entre les mots la douleur du manque, et l'angoisse de mort.

Cet opus se compose, comme le premier tome, d'une partie écrite - le courrier du combattant à son enfant - transposée ensuite en bande dessinée. Les textes sont poignants, les dessins sont beaux malgré le sujet tragique, celui du vécu de ceux qui, pour beaucoup, allaient mourir.


La page 7



Paroles de poilus, tome 2, Mon Papa en guerre. Les Editions Soleil. 2012. 

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