mercredi 17 juin 2015

Revue dessinée d'été : sous le soleil de l'éthique


Le temps passe bien vite ma brave dame, voici venu le temps de la Revue dessinée d'été (mes autres chroniques de cette belle revue sont ici). Avec l'éthique et/ou la morale (je vous laisse philosopher sur les nuances, en ce jour de bac philo), en fil rouge d'une grande partie du numéro.

Morale, éthique, en politique : il en est question dans ce reportage sur l'équipe municipale, étiquette UDI, qui a pris les rennes de Bobigny (Seine-Saint-Denis), aux dernières élections municipales, éjectant ainsi les communistes aux manettes depuis presque un siècle. Des pratiques peu sympathiques voire franchement glauques sont décrites, tant des sortants que des entrants. La tonalité générale ne tombe pas dans le "Tous pourris", et c'est heureux : la parole est aux acteurs, des êtres humains qu'on tente de comprendre, dans la situation qu'ils vivent, ici et maintenant. Mais pas de quoi raccommoder la déchirure entre les citoyens et le monde politique, pas de quoi lever la méfiance qui s'est installée. Hélas.

Morale, éthique, dans le sport : au travers de la saga d'Adidas, qui a inventé un nouveau modèle économique à partir d'activités a priori saines, une enquête explique comment le sport, à un certain niveau (FIFA, CIO, grandes fédérations, voire plus bas dans la hiérarchie sportive...), est gangrené par l'argent, la corruption, la magouille. De quoi mieux comprendre les soubresauts récents à la FIFA. Pas beau à voir. Mais pour être franc, chiant à lire aussi, tant cette partie est plus du texte illustré qu'une mise en scène BD. Autant lire un article du Monde. Mais le contenu est édifiant.

Morale, éthique, en matière de droits de l'homme, de géopolitique, d'histoire personnelle : un témoignage très intéressant d'un enfant d'Afrikaner, quand l'Afrique du Sud est encore le pays de l'apartheid. Et comment il prend conscience peu à peu, à force de cotoyer des jeunes de pays européens, que la situation de son pays n'est pas "normale". Grave, très humain, touchant.

Enfin moral (sans "e" final), au plus bas, quand on est "lanterne rouge" dans le peloton du Tour de France. Quoique. Ça dépend pour qui. On voit dans cette enquête la souffrance de ceux qui luttent pour rester dans la course, mais aussi à quel point certains coureurs cherchent absolument la dernière place, celle qui se voit.Et qui ouvre la porte de critériums d'après-Tour, rémunérés. Ils sont capables de toutes les roublardises pour être vraiment le dernier, le seul, l'unique... Le moral et la morale, finalement, trouvent leur lien.

Repos de l'âme

Mais il faut bien se reposer de toute cette ambiance peu morale. Inutile d'aller voir un pasteur pour calmer les affres de l'âme : en tout cas en Suisse, ils frisent le burn out, voire la dépression. Reportage original. En revanche, s'il fait moche (et justement une enquête sur la météo montre la place importante que ce secteur représente, tant dans la tête des gens que dans l'économie française), on peut utilement aller au ciné. Certes personne ne connaît sauf les lecteurs assidus de Télérama, mais une scène d'Electra Glide in Blue, de Guerico, est décortiquée. La chronique musicale décrit la vie et l'oeuvre de Nico, pas inintéressant.

Quant à "la sémantique c'est élastique", elle s'attarde sur le verbe "croire". Croire en Dieu, croire en l'Homme... Ce qui nous ramène, en philosophant un peu, à une question de morale.

La Revue Dessinée d'été. n°08. En vente en librairie.

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