samedi 1 avril 2017

Revue Dessinée de printemps : De quoi choquer, s'interroger, grandir, s'engager


C'est une honneur de tenter de déployer une art, celle de porter critique sur un ou plusieurs images, ceux, en particulier, qui composent ce nouveau numéro de la Revue Dessinée. Malmener ce dernier serait un erreur, voire un insulte, un ombre sur mes pensées, que dis-je, un affaire bien plus grave que celui qui frappe certains candidats à la présidentielle !

Non, je n'ai pas viré Jane Birkin. Ce paragraphe est écrit en respectant le genre des mots tels qu'il était avant que les vieux cons de l'Académie française les dévoient au 17e siècle. Car oui, déjà à l'époque, ces vieux cons sévissaient, et oui, ils l'étaient déjà, vieux et cons. Pour décider que des mots porteurs de force et de puissance devaient être masculinisés, et les mots "mols" féminisés, il en fallait une sacrée couche. C'est pourtant ce qui fut fait, en même temps que la fameuse règle du "masculin qui l'emporte sur le féminin" pour les adjectifs qui suivent une énumération, alors que c'était le genre du dernier mot de l'énumération qui donnait le ton, antérieurement. Inquiets pour leur virilité, il leur fallait manipuler les mots pour se doter d'un pouvoir...


Cette info peu connue, la Revue Dessinée de printemps la livre, comme elle livre depuis 15 numéros des enquêtes, reportages et analyses bourrées de connaissances, sous forme de BD. De quoi choquer toute personne douée d'un minimum de volonté d'égalité entre femmes et hommes, comme avec cette rubrique régulière sur la sémantique. De quoi aussi interroger nos habitudes de consommation, avec une enquête sur "le poids du clic", qui démontre comment l'empreinte carbone de nos activités sur internet est bien plus négative qu'on ne le pense (si Internet était un pays, il serait le 6e plus gros consommateur d'énergie au monde). De quoi grandir en citoyenneté, en lisant comment une loi - en l'occurrence la loi Macron - est élaborée, entre projet politique, manœuvres partisanes, rapports de forces parlementaires, arcanes des fonctionnements institutionnels... De quoi rester vigilants, avec une enquête sur les nouveaux paysages miniers, sur les guerres économiques qui se dessinent pour exploiter de nouveaux filons dans nos sous-sols, y compris hexagonaux, pour en extraire des métaux aussi rares que polluants mais hélas indispensables pour le fonctionnement de nos tablettes, smartphones et autres outils high-tech...

De quoi désespérer un peu de notre monde ? Que nenni. D'abord on peut pratiquer la boxe pour se défouler (un petit reportage rigolo sur le sujet), aller au cinéma, écouter de la musique, admirer une image (avec les rubriques dédiées) pour titiller nos passions artistiques. Ensuite il n'a jamais été question de baisser les bras : en cette période pré-électorale, plus que jamais, il faut s'informer, non pas pour pleurer misère, ni pour phosphorer dans des projets fumeux irréaliste, mais pour trouver la voie médiane, celle de l'engagement. La Revue Dessinée y contribue.

Revue Dessinée n° 15. En vente en librairie, 15 euros. Le sommaire, sur le site de la revue, c'est ici.

Et pour relire toutes mes chroniques sur la Revue Dessinée, c'est ici ! 

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