jeudi 13 août 2015

Méchant garçon : Des envies de meurtres


Ronald est effectivement un "méchant garçon". C'est rien de le dire : il a violé et tué une jeune fille. Sa maman est une pourriture et une malade mentale aussi : son fils doit devenir médecin, il doit donc être protégé, il a été vilain mais maman va tout faire pour que les grands desseins qu'elle lui assigne ne soient pas perturbés par un meurtre, et va le cacher pour qu'il ne soit pas pris par la police. Elle lui aménage un petit espace secret à la maison avec toutes les commodités, et le planque 24 heures sur 24 pendant des semaines et des mois... Jusqu'à ce qu'elle tombe malade et doive être hospitalisée.

La lecture de ce livre provoque un malaise. Pour plein de raisons. D'abord on a envie d'être aussi sadique et psychopathe que Ronald. Une envie de l'attraper, de lui mettre un pain, de lui arracher les yeux, tant il est fou et insupportablement prétentieux. Cela pousse à ne pas lâcher le livre avant le dénouement. Surtout, se dit-on, surtout qu'il ne gagne pas à la fin !

Cliniquement vivants
Ensuite on ne plaint pas cette pauvre maman qui élève son crétin de fils toute seule. A un degré inférieur (j'ai le sens de la mesure), on compatit avec les profs d'aujourd'hui qui ont face à eux des parents qui soutiennent leur gamin même quand celui-ci fait les pires conneries. Elle a le profil des mamans qui rendent fous leurs enfants, en les empêchant d'être eux-mêmes, en leur mettant la pression pour qu'ils satisfassent non pas leur plaisir de vivre, mais les ambitions - et les névroses - de leurs parents. Ces mamans, ces papas, sont des assassins d'enfants, ils tarissent leurs espoirs, ils anéantissent leur avenir, ils transforment les gamins en zombies, et ils agissent en toute liberté, en toute légalité, en toute impunité. Aujourd'hui on a le droit de massacrer des enfants en les laissant cliniquement vivants.

Mais là n'est pas le propos. Ce qui met mal à l'aise également, c'est que dans ce thriller, le meurtrier est parmi nous. Classique, dans un polar, direz-vous. Mais là il est parmi nous sans qu'on le sache... Et ça fout les jetons quand on rentre chez soi le soir...
Bref un roman très prenant, qu'on ne lâche que pour aller manger ou pour dormir - mal...

Jack Vance, surtout auteur de science-fiction, avait écrit ce Bad Ronald en 1973. Il avait dit de ce roman qu'il était sans doute le meilleur qu'il ait écrit. Dans sa production SF j'avais beaucoup aimé le Cycle de Tschaï, un space opera en plusieurs tomes avec des créatures extraterrestres étonnantes. Mais pour le coup, ce polar dépasse en émotions sa production spatio-futuriste. 

Méchant garçon, de Jack Vance. Folio Policier. 

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