mardi 4 septembre 2018

Téléski qui croyait prendre : Un Poulpe aux petits tentacules


Résumé éditeur

Privé de son quotidien de prédilection, Gabriel Lecouvreur, dit le Poulpe, se retrouve à éplucher les faits divers d’un journal de province. Il s’entiche d’une affaire étrange qui va le mener dans la noirceur des secrets d’une des familles les plus puissantes de Courchevel. Un magnat du monde de la nuit laissé pour mort au beau milieu de son chalet de luxe et de vieilles connaissances de Gabriel accusées à tort, c’est le Poulpe au pays de l’or blanc.
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Lire une histoire policière du Poulpe c'est comme manger une pizza : quel que soit le restaurant, la base est la même, seuls les ingrédients peuvent être très différents. A tel point que son inventeur ouvre à n'importe quel écrivain la possibilité d'écrire une aventure du détective Gabriel Lecouvreur (le vrai nom du gastéropode susnommé, qui lui est accolé à cause de la taille de ses bras, selon la légende), à condition de respecter un cahier des charges, une "base", qui précise les personnages principaux, les habitudes du Poulpe à mettre en valeur - il ne boit que de la bière par exemple, pas de vin -, la structuration générale du livre, et l'obligation d'un jeu de mots dans le titre. Près de 300 histoires ont ainsi été publiées, écrites par des dizaines d'auteurs différents, dont des cadors comme Didier Daeninckx.

A vrai dire, je te dis ça parce que je me suis renseigné mais je n'avais jamais lu de "Poulpe". Pas de rejet, non, au contraire, la réputation anarchiste de ce personnage haut en couleurs m'attirait, mais bon, voilà, c'est la vie, il y a des tas de choses qu'on aimerait faire, parfois même qu'on peut faire facilement, mais ça ne se présente pas, c'est comme ça. Et paf, que vois-je en parcourant une plateforme d'ebooks au chapitre des gratuits ? Une histoire du Poulpe ! Affublé d'un hilarant jeu de mots en titre, dont j'apprendrai par la suite qu'il est le premier signe du cahier des charges. Une aventure policière chez les gros riches de Courchevel, voilà qui allait donner de quoi balancer de l'explosif - symbolique, car Gabriel Lecouvreur ne tue point - sur la haute bourgeoisie, dénoncer leur turpitude, leur égoïsme, leur hypocrisie... Qu'importe le meurtre, pourvu qu'on perturbe la messe !

Allons droit au but : les éléments de base sont certes respectés, la lecture est agréable, fluide, mais le Poulpe m'a paru bien mou du genoux. Ce qui, pour un mollusque gastéropode est un comble, tu le reconnaîtras bien volontiers. Je ne sais pas si ses frères jumeaux des autres romans sont plus virulents, mais celui-ci manque de personnalité, et m'a laissé sur ma faim. La fin m'a également laissé dessus (sur ma faim donc, suis un peu...), mais je ne veux pas en rajouter ni dévoiler le dénouement. L'explication de ce sentiment de goûter un plat insuffisamment relevé tient peut-être dans l'explication que l'auteur donne lui-même en post-face : cet épisode du Poulpe n'a pas été intégré dans la série historique du personnage. Une sorte de livre pirate, mais respectueux, indéniablement, des lois, us et coutumes édictés depuis l'origine. Alors pour un ebook gratuit, il ne faut pas se gêner, ça fait passer un bon moment. Comme une pizza à la sauce tomate, sans sauce piquante.

Pour aller plus loin

Le plus simple, c'est d'aller sur la page Wikipédia consacrée au Poulpe. On y trouve les règles d'écriture (si tu veux écrire toi aussi un épisode), tous les titres (donc pas celui qui fait l'objet de cette chronique), et même ce qu'il a inspiré dans d'autres arts : BD, films, musique.

Téléski qui croyait prendre, par Florian P. Dennisson. Ed. Chambre noire. 2016. A télécharger par exemple ici.

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